Face à la diversité des véhicules d’investissement disponibles, l’arbitrage entre le Plan d’Épargne Retraite (PER) et le compte-titres représente un choix stratégique pour tout investisseur soucieux d’optimiser sa fiscalité. Ces deux enveloppes, aux caractéristiques fondamentalement différentes, offrent des avantages fiscaux distincts qui peuvent significativement impacter le rendement final d’un patrimoine. Le PER, avec sa déductibilité fiscale à l’entrée mais une imposition à la sortie, s’oppose au compte-titres, plus souple mais soumis à la flat tax de 30%. Cette dualité pose une question fondamentale : comment déterminer la solution la plus avantageuse selon sa situation personnelle, ses objectifs patrimoniaux et son horizon de placement? Une analyse approfondie des mécanismes fiscaux en jeu devient alors indispensable pour construire une stratégie d’investissement véritablement optimisée.
Les fondamentaux fiscaux du PER et du compte-titres
Pour réaliser un arbitrage pertinent entre le Plan d’Épargne Retraite et le compte-titres, il est primordial de maîtriser les principes fiscaux qui régissent ces deux enveloppes d’investissement. Le PER se distingue par une logique fiscale de différé d’imposition, tandis que le compte-titres s’inscrit dans une fiscalité immédiate mais potentiellement plus légère.
La fiscalité avantageuse du PER à l’entrée
Le PER offre un avantage fiscal immédiat grâce à la déductibilité des versements volontaires du revenu imposable. Cette déduction s’effectue dans la limite des plafonds définis par la loi, soit 10% des revenus professionnels de l’année précédente (plafonnés à 8 PASS – Plafond Annuel de la Sécurité Sociale) ou 10% du PASS pour les personnes sans activité professionnelle. Pour un contribuable imposé dans la tranche marginale de 41%, chaque euro versé sur un PER peut générer jusqu’à 0,41€ d’économie d’impôt immédiate.
Cette mécanique fiscale favorable à l’entrée constitue l’attrait principal du PER, particulièrement pour les contribuables fortement imposés. Toutefois, cette économie d’impôt s’accompagne d’une contrepartie : l’imposition des sommes lors de leur retrait, qu’il s’agisse du capital initialement investi ou des plus-values générées.
La fiscalité du compte-titres : simplicité et prélèvement forfaitaire unique
Le compte-titres fonctionne selon une logique fiscale différente. Les versements ne bénéficient d’aucun avantage fiscal à l’entrée, mais la fiscalité à la sortie est encadrée par le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30%, communément appelé « flat tax ». Cette imposition se décompose en 12,8% d’impôt sur le revenu et 17,2% de prélèvements sociaux, appliqués uniquement sur les plus-values réalisées et les revenus distribués (dividendes, coupons).
Le capital investi reste totalement disponible sans fiscalité particulière, contrairement au PER où même le capital initial sera potentiellement taxé lors du retrait. Par ailleurs, le compte-titres offre une flexibilité totale d’utilisation, sans condition d’âge ou de situation particulière pour effectuer des retraits.
- Avantage PER : Déduction fiscale immédiate des versements
- Avantage compte-titres : Fiscalité uniquement sur les gains, capital toujours disponible
- Imposition PER à la sortie : Barème progressif sur les versements, PFU ou barème sur les gains
- Imposition compte-titres : PFU de 30% uniquement sur les plus-values et revenus
La différence fondamentale entre ces deux enveloppes réside dans la temporalité de l’avantage fiscal. Le PER procure un gain fiscal immédiat mais reporte l’imposition à la sortie, tandis que le compte-titres n’offre aucun avantage initial mais bénéficie d’une fiscalité potentiellement plus légère sur le long terme. Cette distinction est au cœur du processus d’arbitrage entre les deux solutions.
L’impact de la tranche marginale d’imposition sur le choix d’investissement
La tranche marginale d’imposition (TMI) du contribuable joue un rôle déterminant dans l’arbitrage entre PER et compte-titres. Cette variable fiscale influence directement la rentabilité comparative des deux enveloppes et constitue souvent le facteur décisif dans la stratégie d’allocation patrimoniale.
L’effet de levier fiscal du PER pour les hauts revenus
Pour les contribuables dont la TMI est élevée (41% ou 45%), le PER représente une opportunité d’optimisation fiscale considérable. L’économie d’impôt générée à l’entrée peut atteindre jusqu’à 45% des sommes investies, créant un effet de levier immédiat. Cette économie substantielle compense largement l’imposition future, même si celle-ci s’applique tant sur le capital que sur les gains.
Un contribuable dans la tranche à 45% qui verse 10 000€ sur un PER réalise une économie immédiate de 4 500€, ce qui signifie que son investissement net n’est que de 5 500€. Même si l’intégralité des sommes est imposée à la sortie, le rendement effectif de son placement se trouve mécaniquement amplifié par cet avantage initial.
L’avantage comparatif du compte-titres pour les tranches modérées
À l’inverse, pour les contribuables situés dans les tranches d’imposition inférieures (11% ou 30%), l’avantage fiscal du PER à l’entrée est moins significatif. Dans ces situations, le compte-titres avec sa fiscalité forfaitaire de 30% sur les seuls gains peut s’avérer plus avantageux, particulièrement si le contribuable anticipe une hausse de ses revenus à la retraite.
Un contribuable imposé à 11% qui investit dans un PER ne réalise qu’une économie de 1 100€ pour 10 000€ versés. Si sa TMI à la retraite reste identique ou augmente, la fiscalité du PER à la sortie pourrait annuler l’avantage initial, rendant le compte-titres plus attractif sur le long terme.
L’anticipation de la TMI future : un élément stratégique
L’arbitrage entre PER et compte-titres nécessite une projection de l’évolution probable de sa TMI entre la période d’activité et la retraite. Le PER est particulièrement avantageux lorsque la TMI à la retraite est significativement inférieure à celle pendant la vie active.
Les professions libérales, les cadres supérieurs ou les dirigeants d’entreprise qui anticipent une baisse substantielle de leurs revenus à la retraite maximiseront l’avantage fiscal du PER. À l’inverse, les personnes dont les revenus resteront stables ou augmenteront à la retraite (grâce à un patrimoine locatif conséquent par exemple) pourraient privilégier le compte-titres.
- TMI élevée (41-45%) pendant l’activité → Avantage au PER
- TMI modérée (11-30%) pendant l’activité → Avantage potentiel au compte-titres
- Anticipation d’une TMI en baisse à la retraite → Renforcement de l’intérêt du PER
- Anticipation d’une TMI stable ou en hausse à la retraite → Privilégier le compte-titres
L’analyse comparative doit intégrer non seulement la TMI actuelle mais aussi son évolution prévisible, en tenant compte des projets patrimoniaux et de la structure future des revenus. Cette projection constitue l’un des piliers de la décision d’arbitrage entre les deux enveloppes d’investissement.
Stratégies d’optimisation fiscale combinant PER et compte-titres
Au-delà d’une approche binaire opposant PER et compte-titres, une stratégie patrimoniale optimale repose souvent sur une utilisation complémentaire de ces deux enveloppes. Cette combinaison permet de tirer parti des avantages spécifiques de chaque support tout en minimisant leurs inconvénients respectifs.
La stratégie de diversification fiscale
La diversification fiscale consiste à répartir ses investissements entre PER et compte-titres selon une logique d’optimisation globale. Cette approche permet de sécuriser des avantages fiscaux immédiats tout en préservant une partie de son patrimoine dans une enveloppe plus flexible.
Une répartition judicieuse pourrait consister à investir sur le PER jusqu’à atteindre le plafond de déductibilité optimal (celui qui permet d’abaisser son taux marginal d’imposition à la tranche inférieure), puis d’orienter le surplus d’épargne vers le compte-titres. Cette stratégie maximise l’économie fiscale immédiate tout en maintenant une partie du patrimoine facilement accessible.
Allocation d’actifs différenciée selon l’enveloppe
La nature fiscale différente des deux enveloppes justifie une allocation d’actifs spécifique pour chacune d’elles. Le PER, avec son horizon long terme et sa fiscalité avantageuse à l’entrée, peut accueillir des actifs à fort potentiel de croissance, tandis que le compte-titres peut être orienté vers des stratégies générant moins de frictions fiscales.
Dans le PER, les investissements en actions ou en unités de compte dynamiques peuvent être privilégiés, la perspective de long terme permettant d’absorber la volatilité. Le compte-titres peut quant à lui être orienté vers des stratégies de capitalisation (fonds de croissance réinvestissant leurs dividendes) ou des ETF à faible rotation, limitant ainsi les événements imposables.
- PER : Actions à fort potentiel, fonds dynamiques, stratégies de croissance à long terme
- Compte-titres : ETF à faible rotation, titres vifs pour optimisation fiscale, actifs peu générateurs de revenus imposables
Stratégie de sortie échelonnée du PER
L’une des stratégies les plus efficaces consiste à planifier une sortie échelonnée du PER pour lisser l’impact fiscal. En fractionnant les retraits sur plusieurs années fiscales, il devient possible de maintenir sa TMI dans une tranche modérée, optimisant ainsi le bénéfice fiscal global du dispositif.
Cette approche peut être particulièrement pertinente dans les premières années de la retraite, avant la liquidation complète des droits à pension, ou être coordonnée avec d’autres revenus variables comme des revenus fonciers ou des plus-values mobilières réalisées sur le compte-titres.
La sortie en capital du PER peut ainsi être programmée pour combler des années à faible revenu imposable, tandis que la sortie en rente peut être privilégiée pour assurer un revenu complémentaire régulier bénéficiant de l’abattement spécifique aux rentes viagères (70% à partir de 70 ans).
Utilisation stratégique des cas de déblocage anticipé
Le PER prévoit plusieurs cas de déblocage anticipé qui peuvent être intégrés dans une stratégie globale d’optimisation. L’acquisition de la résidence principale constitue notamment une opportunité de récupérer les fonds investis dans le PER sans attendre la retraite, tout en bénéficiant de l’avantage fiscal à l’entrée.
Cette possibilité peut être particulièrement intéressante pour les jeunes actifs à forte TMI qui projettent d’acquérir leur résidence principale dans les années à venir. Le PER devient alors un véhicule d’épargne fiscalement optimisé pour constituer un apport immobilier.
L’articulation intelligente entre PER et compte-titres permet ainsi de construire une stratégie patrimoniale sur mesure, adaptée à la situation personnelle de chaque investisseur, à son horizon de placement et à sa sensibilité aux contraintes de liquidité.
Analyse comparative des performances nettes d’impôt sur le long terme
Pour déterminer objectivement la supériorité d’une enveloppe sur l’autre, il convient de comparer leurs performances nettes d’impôt sur un horizon de placement identique. Cette analyse quantitative permet de dépasser les considérations théoriques pour évaluer l’impact réel des mécanismes fiscaux sur le rendement final.
Modélisation comparative sur différents horizons de placement
La comparaison entre PER et compte-titres doit s’effectuer en modélisant l’évolution d’un même capital initial sur différentes durées de détention. Pour une analyse rigoureuse, il faut intégrer l’avantage fiscal à l’entrée du PER, les frais spécifiques à chaque enveloppe, et la fiscalité applicable à la sortie.
Sur un horizon de 20 ans, avec une hypothèse de rendement annuel de 5% et pour un contribuable dans la tranche à 41%, le PER génère généralement une performance nette supérieure de 15% à 25% par rapport au compte-titres, à condition que la TMI à la sortie soit inférieure ou égale à 30%. Cet écart s’accentue avec l’allongement de la durée de détention et l’augmentation de la TMI à l’entrée.
À l’inverse, pour un contribuable dans la tranche à 11%, le compte-titres peut s’avérer plus performant à long terme, particulièrement si la TMI à la sortie du PER reste identique ou augmente.
Impact des frais sur la performance comparative
L’analyse comparative doit impérativement intégrer les frais spécifiques à chaque enveloppe, qui peuvent significativement impacter la performance nette finale. Le PER comporte généralement une structure de frais plus élevée que le compte-titres, notamment en raison des frais sur versements, des frais de gestion annuels et des frais d’arbitrage.
Un PER typique peut présenter des frais sur versements de 2% à 5%, des frais de gestion annuels de 0,6% à 1%, et des frais d’arbitrage de 0,5% à 1%, tandis qu’un compte-titres optimisé peut limiter ses coûts aux seuls frais de transaction (0,1% à 0,5%) et aux éventuels droits de garde (souvent négociables ou nuls chez de nombreux courtiers en ligne).
Sur un horizon de 30 ans, cette différence de frais peut réduire l’avantage fiscal du PER de 10% à 15%, rendant parfois le compte-titres plus attractif, particulièrement pour les contribuables à TMI modérée.
- PER : Avantage fiscal initial mais frais plus élevés (versements, gestion, arbitrage)
- Compte-titres : Pas d’avantage fiscal mais structure de frais potentiellement plus légère
- Impact des frais sur 30 ans : Réduction de l’avantage du PER de 10% à 15%
Scénarios de sortie et leur impact fiscal
La modalité de sortie du PER influence considérablement sa performance nette finale. Trois options principales existent : la sortie en capital, la sortie en rente viagère, ou une combinaison des deux.
La sortie en capital soumet l’intégralité des versements volontaires au barème progressif de l’impôt sur le revenu, tandis que les gains sont imposés au PFU de 30% ou au barème (sur option). Cette option peut être attractive si les retraits sont échelonnés pour maintenir une TMI basse.
La sortie en rente viagère bénéficie d’un abattement fiscal qui dépend de l’âge du bénéficiaire lors de la mise en place de la rente (40% entre 60 et 69 ans, 70% à partir de 70 ans). Cette option peut s’avérer fiscalement avantageuse pour les retraités tardifs, particulièrement ceux qui liquident leur PER après 70 ans.
Un scénario optimisé pourrait combiner une sortie partielle en capital lors des années à faible revenu imposable, complétée par une conversion en rente viagère à partir de 70 ans pour bénéficier de l’abattement maximal de 70%.
Cas pratiques selon différents profils d’investisseurs
Pour illustrer concrètement l’arbitrage entre PER et compte-titres, considérons trois profils d’investisseurs distincts :
Profil 1 : Cadre supérieur de 45 ans, TMI 41%
Avec une perspective de baisse de revenus à la retraite (TMI future estimée à 30%), le PER offre un avantage net considérable. Sur un investissement de 100 000€ sur 20 ans avec un rendement annuel de 5%, le PER générera une performance nette supérieure de 22% au compte-titres, même en intégrant des frais plus élevés.
Profil 2 : Fonctionnaire de 35 ans, TMI 30%
Avec une stabilité prévisible des revenus à la retraite, l’avantage du PER est modéré. Sur un horizon de 30 ans, la performance nette du PER ne dépasse celle du compte-titres que de 7% à 10%, un écart qui peut être réduit à néant si les frais du PER sont élevés.
Profil 3 : Entrepreneur de 55 ans, TMI 45%
Proche de la retraite mais avec une forte TMI actuelle, le PER offre un avantage fiscal immédiat substantiel. Même sur un horizon de 10 ans seulement, et malgré des frais plus élevés, le PER peut générer une performance nette supérieure de 15% à 20% au compte-titres, particulièrement dans le cadre d’une sortie en rente bénéficiant d’un abattement de 70%.
Ces analyses comparatives démontrent que le choix optimal entre PER et compte-titres dépend fondamentalement du profil fiscal de l’investisseur, de son horizon de placement et de sa stratégie de sortie.
Perspectives d’évolution et adaptation de la stratégie dans le temps
L’arbitrage entre PER et compte-titres ne constitue pas une décision figée mais un processus dynamique qui doit s’adapter aux évolutions réglementaires, fiscales et personnelles. Une stratégie d’investissement efficace intègre nécessairement cette dimension évolutive pour maintenir son optimalité dans le temps.
Anticiper les évolutions fiscales futures
Le cadre fiscal français se caractérise par sa mutabilité, avec des réformes régulières qui peuvent modifier substantiellement l’attractivité relative des différents véhicules d’investissement. L’arbitrage entre PER et compte-titres doit intégrer cette incertitude réglementaire.
L’histoire fiscale récente montre une tendance à la simplification de la fiscalité du capital (instauration du PFU, suppression de l’ISF au profit de l’IFI), mais rien ne garantit la pérennité de ces orientations. Une stratégie prudente consiste donc à diversifier ses investissements entre différentes enveloppes fiscales pour limiter l’impact d’une réforme défavorable.
Par ailleurs, l’évolution des paramètres du système de retraite (âge légal, taux de remplacement, indexation des pensions) influence directement l’intérêt du PER comme complément de revenus. Une dégradation prévisible des taux de remplacement renforce mécaniquement l’attrait du PER comme outil de préparation à la retraite.
Ajustement de la stratégie selon les cycles de vie
La pertinence de l’arbitrage entre PER et compte-titres évolue naturellement avec l’âge et la situation personnelle de l’investisseur. Une stratégie d’investissement optimale doit prévoir des points de réévaluation réguliers pour adapter l’allocation entre ces deux enveloppes.
En début de carrière, lorsque les revenus et donc la TMI sont généralement plus faibles, le compte-titres peut constituer une solution privilégiée pour se constituer une épargne flexible. À mesure que les revenus progressent et que la TMI augmente, un basculement progressif vers le PER peut s’avérer judicieux pour capitaliser sur l’avantage fiscal à l’entrée.
À l’approche de la retraite, une nouvelle évaluation s’impose pour déterminer la stratégie optimale de sortie du PER (capital, rente ou mixte) en fonction de la situation patrimoniale globale et des besoins de liquidité anticipés.
- Début de carrière (25-35 ans) : Privilégier le compte-titres pour sa flexibilité
- Milieu de carrière (35-50 ans) : Équilibrer entre PER et compte-titres selon la TMI
- Fin de carrière (50-65 ans) : Optimiser les versements sur le PER pour maximiser l’avantage fiscal
- Retraite (65+ ans) : Planifier une stratégie de sortie échelonnée du PER
Intégration des nouvelles opportunités d’investissement
Le paysage des produits d’investissement évolue constamment, avec l’apparition régulière de nouvelles solutions qui peuvent modifier l’équilibre entre PER et compte-titres. L’émergence des ETF à réplication physique, des SCPI à capital variable ou encore des produits structurés offre de nouvelles possibilités d’optimisation fiscale au sein de chaque enveloppe.
Dans le PER, l’accès à des unités de compte innovantes comme les fonds d’infrastructure, les fonds de private equity ou les investissements thématiques (transition énergétique, intelligence artificielle) peut renforcer son attractivité en améliorant son couple rendement-risque. Dans le compte-titres, l’utilisation d’ETF domiciliés dans des juridictions fiscalement optimisées ou de produits à capitalisation intégrale peut minimiser la friction fiscale et améliorer le rendement net.
La veille sur ces innovations financières et leur intégration opportune dans sa stratégie d’arbitrage constitue un levier d’optimisation supplémentaire, particulièrement pour les patrimoines significatifs.
Transmission patrimoniale et fiscalité successorale
L’arbitrage entre PER et compte-titres doit intégrer la dimension successorale, souvent négligée dans les analyses comparatives classiques. Les deux enveloppes présentent des caractéristiques distinctes en matière de transmission qui peuvent influencer significativement leur attractivité relative.
Le PER offre une souplesse en matière de désignation bénéficiaire similaire à celle de l’assurance-vie, avec une fiscalité avantageuse en cas de décès avant 70 ans (abattement de 152 500€ par bénéficiaire). En revanche, les capitaux issus d’un PER sont soumis aux droits de succession classiques en cas de décès après 70 ans.
Le compte-titres, quant à lui, intègre automatiquement la succession et est soumis aux droits de succession standards, mais bénéficie d’une revalorisation du prix d’acquisition au jour du décès, effaçant ainsi la fiscalité latente sur les plus-values non réalisées.
Pour les investisseurs ayant des objectifs de transmission patrimoniale, cette dimension peut parfois prévaloir sur les considérations de rendement net personnel et orienter l’arbitrage vers une solution mixte intégrant d’autres enveloppes comme l’assurance-vie ou le démembrement de propriété.
La stratégie d’arbitrage entre PER et compte-titres doit ainsi être régulièrement réévaluée à l’aune des évolutions réglementaires, personnelles et financières pour maintenir son optimalité tout au long du parcours patrimonial de l’investisseur.
L’art de la décision éclairée : au-delà des chiffres
Si les analyses quantitatives et fiscales constituent le socle de l’arbitrage entre PER et compte-titres, la décision finale relève d’un processus plus complexe qui intègre des dimensions qualitatives et personnelles. Une approche véritablement optimisée doit transcender la pure logique mathématique pour embrasser une vision holistique du patrimoine et des aspirations individuelles.
L’équilibre entre optimisation fiscale et qualité de vie
L’optimisation fiscale, bien que fondamentale, ne représente qu’une facette de la gestion patrimoniale. L’arbitrage entre PER et compte-titres doit s’inscrire dans une réflexion plus large sur l’équilibre entre performance financière et qualité de vie.
La liquidité offerte par le compte-titres peut constituer un atout majeur pour faire face aux aléas de la vie ou saisir des opportunités imprévues, même si cette flexibilité s’accompagne d’un coût fiscal. À l’inverse, l’indisponibilité relative des fonds placés sur un PER peut représenter une contrainte significative, malgré l’avantage fiscal qu’il procure.
La pondération entre ces deux considérations dépend fondamentalement de facteurs subjectifs tels que l’aversion au risque, la préférence pour le présent ou encore la valeur accordée à la sécurité financière. Un investisseur anxieux face à l’incertitude privilégiera naturellement la liquidité du compte-titres, tandis qu’un planificateur méthodique pourra tirer pleinement parti du cadre contraignant mais fiscalement avantageux du PER.
L’importance d’une vision patrimoniale globale
L’arbitrage entre PER et compte-titres ne peut s’effectuer isolément mais doit s’intégrer dans une stratégie patrimoniale cohérente qui englobe l’ensemble des actifs et passifs du ménage. La décision d’allocation doit tenir compte de l’existence d’autres enveloppes d’épargne (assurance-vie, épargne salariale, immobilier) et de leur complémentarité.
La diversification des enveloppes fiscales constitue en elle-même une stratégie de gestion du risque réglementaire. La répartition du patrimoine entre différents véhicules d’investissement limite l’exposition aux modifications législatives défavorables et offre une flexibilité accrue dans la gestion des flux financiers.
- Liquidité à court terme : Livrets réglementés, compte courant
- Épargne de précaution : Fonds euros d’assurance-vie, compte-titres prudent
- Projets à moyen terme : Compte-titres, assurance-vie en unités de compte
- Préparation à la retraite : PER, immobilier locatif
- Transmission : Assurance-vie, démembrement, donation
Cette vision globale permet de positionner judicieusement le PER et le compte-titres au sein d’une architecture patrimoniale cohérente, où chaque enveloppe remplit une fonction spécifique alignée avec les objectifs de vie.
Le rôle du conseil personnalisé
La complexité des mécanismes fiscaux et la multiplicité des paramètres à prendre en compte justifient pleinement le recours à un conseil professionnel personnalisé. L’intervention d’un conseiller en gestion de patrimoine ou d’un expert-comptable spécialisé peut apporter une valeur ajoutée significative dans le processus d’arbitrage.
Le professionnel du conseil patrimonial dispose des outils de simulation permettant de modéliser précisément l’impact des différentes stratégies d’allocation selon divers scénarios économiques et fiscaux. Il peut également identifier des opportunités d’optimisation spécifiques à la situation particulière de chaque investisseur.
Au-delà de l’expertise technique, le conseiller joue un rôle fondamental dans la clarification des objectifs patrimoniaux et l’alignement de la stratégie d’investissement avec ces derniers. Ce processus de découverte et d’explicitation des aspirations personnelles constitue souvent la valeur ajoutée la plus précieuse du conseil professionnel.
L’adaptation aux singularités de chaque situation
L’arbitrage optimal entre PER et compte-titres varie considérablement selon les spécificités de chaque situation individuelle. Des éléments comme le statut professionnel, la structure familiale, l’état de santé ou encore les projets de vie influencent directement la pertinence des différentes stratégies d’allocation.
Un travailleur non-salarié pourra par exemple privilégier le PER pour sa capacité à protéger une partie de son patrimoine professionnel, tandis qu’un salarié bénéficiant d’un régime de retraite avantageux pourra favoriser la flexibilité du compte-titres. Une personne ayant des antécédents familiaux de longévité pourra valoriser davantage la sortie en rente du PER, tandis qu’un investisseur avec des projets de transmission anticipera les implications successorales de ses choix.
Ces singularités, impossibles à capturer dans un modèle général, justifient une approche sur mesure qui transcende les préconisations standardisées pour embrasser la complexité et la richesse de chaque situation patrimoniale.
L’art de la décision éclairée en matière d’arbitrage fiscal réside ainsi dans la capacité à intégrer harmonieusement les dimensions quantitatives et qualitatives, techniques et humaines, objectives et subjectives, pour construire une stratégie véritablement adaptée aux circonstances uniques de chaque investisseur.
